J’ai eu la chienne.
Je roulais, peinard, sur le boulevard du Saguenay. RTA crachait ses vapeurs dans un ciel s’obscurcissant, encore accroché au jour mais résolument tourné vers ce qui s’en venait de nuit. Le retour du boulot est tranquille, maintenant. Mon plus jeune a retrouvé un service de garde à Chicoutimi, alors il n’est plus là pour remplir le silence de l’habitacle avec son babillage excité et ses comptines incessantes. Pour remplir le vide, j’ai allumé la radio.
Aux nouvelles: branle-bas de combat à propos d’une femme qui aurait affirmé aux douaniers de l’aéroport de Bagotville qu’elle avait une bombe dans ses bagages.
Dans ma tête, ça a fait 1+1=2.
La chienne, je vous dit. J’ai eu peur que la dame s’explique.
Dans ma tête toujours, elle était venue assister à Les Sens. Et elle parlait avec sa chum de fille du tableau mémorable écrit par Larry Tremblay, Le Dernier Almodovar, qui met en scène (entre autres) le fantasme téléphonique d’un chauffeur de taxi et… d’une douanière.
France: Rien à déclarer?
Mathieu: Oui.
France: Quoi?
Mathieu: Une bombe.
France: Ce genre de commentaire n’est pas toléré dans un aéroport.
Mathieu: J’ai un explosif dans mes pantalons.(Larry Tremblay, Le Dernier Almodovar, Les Sens)
Dans ma tête, ça fait 2+2=4.
Elle trouvait le douanier de son goût. Ou alors, tellement pas! Elle voulait juste faire rire sa chum de fille, qui était venue avec elle voir le show la semaine d’avant. Il s’en passe, des choses, dans ma tête.
Oh oui, j’ai eu la chienne. La chienne que dans la tête du journaliste qui annonçait la nouvelle, ça fasse 1+1=2. Et 2+2=4.