Suite et fin d’une série de trois billets sur le colloque Les Arts et la ville 2013.
Parmi les nombreuses conférences présentées dans le cadre du colloque Les Arts et la ville, deux ateliers concernaient plus spécifiquement le rôle de diffuseur. Les attentes n’ont pas été déçues par ces rencontres intitulées La participation culturelle des jeunes à Montréal, des jeunes culturellement actifs et Au-delà des retombées économiques : un regard neuf sur l’incidence de la diffusion dans les municipalités.
Jeune culture
On considère souvent les jeunes comme un « non-public », ou encore comme un défi quasi-insurmontable dans une perspective de développement des publics. Ils ne possèdent pas la même indépendance, qu’elle soit financière, temporelle, ou relative aux transports. L’habitude des plateformes numériques, acquise très tôt, en ferait également des spectateurs difficiles d’accès, qui sortent peu dans les lieux traditionnels, ne recherchant pas absolument un rassemblement physique autour d’une œuvre. La forme la plus poussée de cette perception réside dans le cliché, paradoxalement rassurant pour plusieurs, du jeune inculte dont la participation culturelle la plus étoffée est le partage d’un clip de Justin Bieber accompagné d’un commentaire bourré de fautes.
Or l’étude de Christian Poirier, chercheur attaché à l’Institut national de recherche scientifique, tend à démontrer que ces perceptions tiennent bien souvent du préjugé. Certes, les jeunes (on parle ici de participants de 12 à 34 ans) ont des habitudes de « consommation » culturelle différentes de leurs aînés. Mais l’étude tend à démontrer qu’ils sont très actifs, comme spectateurs, comme créateurs ou comme diffuseurs de culture.
Cette recherche visait à comprendre les mécanismes culturels chez les jeunes, et non à évaluer leur participation globale. Ainsi l’échantillon ciblait des jeunes déjà actifs culturellement. Sans fournir un portrait de la participation culturelle en termes quantitatifs, l’étude soulève néanmoins plusieurs réalités qui stimulent la réflexion et posent d’importantes questions quant aux façons de faire actuelles des producteurs et des diffuseurs. L’interactivité et les éléments périphériques à l’œuvre, exemples de facteurs soulevés par l’étude, sont importants à considérer pour l’avenir de la diffusion.
La portée des diffuseurs
Dans un deuxième temps, la recherche menée par l’Association canadienne des organismes artistiques (CAPACOA) à propos des incidences de la diffusion sur les communautés a été des plus enrichissantes. L’étude prend en compte les perceptions du public à l’endroit des bénéfices de la diffusion des arts vivants, ainsi que celle des diffuseurs à propos de leur travail. Il est intéressant de comparer ces deux perceptions situées aux deux extrémités d’un spectre.
Plusieurs idées étonnantes ressortent de cette recherche, notamment en ce qui a trait aux effets positifs de la fréquentation de la culture sur la santé et la vie citoyenne. L’étude remarque également que la fréquentation de la culture sur des plateformes électroniques stimule la participation en direct au lieu de la faire diminuer. Par ailleurs les diffuseurs jouissent d’une perception très positive de la part du grand public. C’est toujours agréable à voir et à entendre!
Trois intenses journées
Je vous encourage fortement à prendre un peu de votre précieux temps pour survoler les rapports de ces deux recherches. Je n’ai pu en faire ici qu’un bien mince résumé, tout comme je n’ai pu aborder l’ensemble des activités du colloque.
Cette rencontre annuelle autour de l’importance de la culture dans le développement des communautés est cruciale. Les besoins des milieux culturels, la sensibilisation qui reste à faire auprès des décideurs la justifient d’emblée.
Bien sûr une telle rencontre ne se déroule pas dans l’action. Des données théoriques, parfois statistiques, des idées variées et nombreuses sont partagées. Mais dans l’urgence dans laquelle se trouvent bien des organismes et des municipalités à revitaliser, on peut se demander si l’énergie et les moyens déployés à Gatineau sont investis au bon endroit.
À mon sens, la réponse est oui. C’est-à-dire que de tels échanges d’idées et de bons coups sont essentiels dans leur globalité. Est-ce que tous les participants sont vraiment intéressés? Non. Est-ce que des réponses concrètes sont données aux gens de terrain? Non plus. Mais ce colloque représente un formidable appel à la créativité, à l’invention de nouvelles manières de faire, une ouverture des perspectives. Dans la valorisation des rôles de la culture, tout comme dans la médiation culturelle, beaucoup reste à inventer et à définir. L’événement Les Arts et la ville constitue l’un de ces tremplins affinant la vision des intervenants qui ont compris qu’ils ont un rôle à jouer dans leur communauté, pour autant qu’ils se montrent aussi créatifs que convaincants!
Rapports de recherche:
La participation culturelle des jeunes à Montréal, des jeunes culturellement actifs